Nuit debout
- A.P.A. DELUSIER
- 26 sept. 2016
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Seuls devant les murailles de l’ombre
seuls sous les parterres de neige
seuls par-dessus les épées en flammes
seuls devant un État inchangé
seuls parmi l’audacieuse houle
seuls dans le grand brasier armé
seuls devant les enfants terribles
seuls en une ombre froide
seuls sur un corbeau blanc
seuls devant les voitures d’acier
seuls à danser sur le vide
seuls sur une étoile filante
seuls devant des pantins souriant
seuls masqués de filatures
seuls sous des nourrissons en colères
seuls devant le marché des esclaves
seuls armés de mots libres
seuls font rougirent les cieux
seuls devant le monde embrumé
seuls dressés sous des mines
seuls souriant dans les ténèbres
seuls devant les ministres dépouilleurs
seuls à dépouiller les livres
seuls condamnés à l’oubli
seuls devant les chevaliers crieurs
seuls sur les chameaux du désert
seuls en une ombre de vie
seuls devant Jupiter
seuls à penser à demain
seuls qui osent montrer leurs bras
seuls devant le matin
seuls brandissant des croix
seuls inversés à la lune
seuls devant le Parnasse
seuls destinés à périr
seuls hurlant leurs lois
seuls devant ma terrasse
seuls pourrissant d’ennui
seuls sur des berges droguées
seuls devant la vie
seuls écoutant les voix nues
seuls sous les tombes d’hier
seuls devant les soldats
seuls le peuple sont l’armée
seuls à dresser le fanion
seuls devant le cor sourd
seuls noyés contre leurs cœurs
seuls on s’égare s’oubliant
seuls devant les champs libres
seuls en tissant des poèmes
seuls ils chantaient mordus
seuls devant les Harpies costumées
seuls on est pétri d’ignorance
seuls le soir descend nu
seuls devant le soleil
seuls les étoiles se ruinent
seuls elles s’écoutent descendre
seuls devant nos crimes aveugles
seuls nos voix écoutent le temps
seuls parmi le mur des morts
seuls devant l’intruse
seuls sur un morceau de pain
seuls les idiots écoutent
seuls devant les feuilles
seuls tombant sous l’arbre
seuls à l’air libre
seuls devant le marbre
seuls on a peur de perdre
seuls ils nous voient tomber
seuls devant le rivage
seuls les monts muent moyennement
seuls nous écoutons la nuit
seuls à écouter pleurer le saule
seuls devant nos mirages
seuls à peigner nos soucis
seuls dessins parfaits
seuls devant la vie
seuls armés de haillons
seuls limiers de chasse
seuls devant le gibier
seuls à court de force
seuls retournant au château
seuls écrasés sous la herse
seuls devant la mort
seuls soulevant la vie
seuls pliant ses désirs
seuls devant la brume
seuls dans la ronde
seuls sur un chemin mort
seuls devant l’ennemi
seuls se croyant forts
seuls à brandir le fléau
seuls devant les murailles de l’ombre
seuls à se rendormir.