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La chronique de Serge #2

Parti pour une année au Canada, dans la ville d’Ottawa, je me suis donné pour objectif de retranscrire des morceaux de ma vie au pays des caribous. Je vais essayer d’être le plus fidèle à ce que je vois. Au fait, moi c’est Serge.


« Askip ici tu payes l’université tellement cher que c’est comme si tu payais ton diplôme et donc tu bosses aps ». Si jamais on te dit ça frère, tu m’appelles direct je débarque avec mes potes de l’équipe de football américain de ma fac, on les défonce.


Sans déc’ ici l’année coûte un bras au sens figuré, et au sens propre t’hypothèques la maison de tes vieux. Si tu réunis toute la maille que tu donnes à l’université bah t’aurais plus besoin de bosser pour le reste de ta vie. Je te jure ça coûte tellement cher que les gens ici ils bossent comme des guedins, c’est pas des études c’est un placement en bourse frère ; y a pas de grasse mat’ du lundi matin ou du mardi, celle du mercredi c’est mort et jeudi vendredi c’est péché frère. Je sais pas si tu te souviens ton cours d’histoire – moi j’en ai pas eu je suis allé à l’université tout de suite, mais d’après ce qu’on m’a dit – en gros l’Amérique du Nord c’est self made man. Si tu parles aps anglais c’est pas la peine de lire la suite mec.


Bon du coup y a personne qui arrive en retard, entre les cours c’est rush je te raconte aps : les gens courent, t’en a qui sont carrément en vélo sur le campus. Je te jure j’ai même vu des noichs venir la veille pour être sur qu’ils seraient présents quand la porte s’ouvre : en gros c’est comme un concert de Céline sauf que t’achète pas de t shirt avec la tête de ton prof dessus. Parce qu’ici y a une mesure de sécurité sur les salles de cours, les portes sont verrouillées électroniquement. Si si frère, québlos par ordi et t’as un vrai mec qui l’ouvre genre trente minutes avant. J’te raconte l’autre jour, j’étais là depuis pas mal de temps, tout le monde dans le couloir est tendu tu vois, les gens savent pas s’ils doivent aller sé-pi maintenant ou pas. Et là t’entends « vzzz clic » et le voyant rouge il devient vert : rec-di frère tu fonces comme un malade vers la porte. Y a plus de potes ou de Gens* que t’aime ienb, ça existe aps. C’est pas pour rien que l’université à son propre hôpital, ils vont pas chômer les mecs cette année avec Serge.


Pareil pour la BU, sauf que là c’est oim qui ai fait bouger les choses. Sans rire frère j’ai fais modifié les horaires c’était pas possible. Les gars ils bossent comme des oufs et ça ferme à 19h. 19h ! Oh ! Ça choque nobody ? « Ouais mais nous en France on est habitué alors tu comprends… » Bon les mecs, je vais pas vous prendre par la main mais à un moment soit t’es un bonhomme soit t’es un fragile. J’y suis pas allé par midi à quatorze heures tu vois : j’ai été voir le recteur, on a fait le jeu du celui-qui-baisse-les-yeux-a-perdu, c’est moi qu’ai inventé le jeu, il savait pas, il a perdu. Du coup maintenant c’est 7h30 – 2h du matin la BU, eh ouais ma gueule ! Par contre comme ils avaient peur des débordements ils ont mis des portiques de sécurité à l’entrée et à la sortie, et des vigiles, au cas où… Genre les gars ont oublié que j’étais al pour faire le taf, tant pis pour eux.


A part ça c’est tranquille tu vois, barbeuc en face la présidence, dj’s sur le campus, ça chill, ça danse… Non franchement on a fait les choses bien depuis un mois, enfin depuis que j’suis àl quoi. Le plus gros carton ça reste les bars sur le campus, tu sors de cours tu vas cluber, la base. Frère, je te jure sur mon arrière-arrière-grand-mère, pour te dire l’info, la vérité je suis allé à une soirée organisée dans la fac : la folie. Déjà ils se sont pas dit « on va faire réglo, on va prendre un bête d’amphi » ; nan nan les mecs ils se sont dit « on va se mettre ienb, on va faire la soirée dans la BU ». J’avais jamais vu ça, pourtant j’en ai lancé des concepts (faudra que j’te raconte comment j’ai inventé les happy hours). Tu rentres dans la BU, en mode « p’tite chemise, mocassins, deux pchits de parfum », moi j’étais avec toute ma bande donc genre quatre-vingts personnes tu vois, de partout dans le monde. Tu passes au milieu des autres qui bossent, mais frère il est 22h30 tu vois, les gars ils ont le seum de ouf de nous voir passer. Oit t’es en mode « la classe à l’américaine » et eux ils restent dans leur petite vie, mais c’est l’game aussi : moi j’ai pas vraiment besoin de travailler pour réussir. Bref on arrive, une line frère de malade, que des beaux gosses et des bebons de malade. Heureusement j’connais bien le videur, j’lai dépann’ plusieurs fois du coup tu vois on passe direct, oim et mes quatre-vingts potos. C’était vraiment une grosse grosse soirée mec, le seul truc relou ici maintenant c’est que j’suis trop connu. Du coup j’ai passé la réssoi à taper les selfies…


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