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"Embrace the contradiction": The Walking Dead s07e02 "The Well"

  • Quentin
  • 3 nov. 2016
  • 8 min de lecture

Le premier épisode de cette saison a été horrifique, d'une violence gratuite qui a fait réagir de nombreux fans et en a certainement dégoûté plus d'un. L'épisode « The Well », diffusé sur nos écrans le jour d'Halloween (Joyeux anniversaire The Walking Dead!), est allé à l'extrême opposé du Premiere de la saison. Un épisode extrêmement riche, coloré, lumineux et fluide, qui servait à nous revitaliser après le traumatisme.

Carol et Morgan sur le tapis rouge (source: fansided.com)

Encore une fois, c'est Greg Nicotero qui réalise l'épisode. La répartition de l'écriture des premiers épisodes est intéressante : les deux scénaristes Scott M.Gimple et Matthew Negrete ont co-écrit le dernier épisode de la saison 6, qui se concentrait sur Rick&Co traqués par les Saviors d'une part, et d'autre part Morgan et Carol. Ils reprennent chacun une de ces intrigues dans les premiers épisodes : nous avons suivi avec M. Gimple les tourments de Rick&Co la semaine dernière, et cette semaine Matthew Negrete nous offre la rencontre de Carol et Morgan avec le Royaume, un nouveau groupe dirigé par le roi Ezekiel.


Et « The Well » fonctionne comme un contrepoint à « The Day Will Come When You Won't Be ». En prenant le puits comme thème central de leur épisode, les scénaristes reprennent la métaphore de la source et de l'eau, où le puits est dans notre imaginaire la construction humaine qui permet revitalisation, qui permet de se ressourcer. À une structure en actes rigide et rythmée par un Negan qui imposait sa volonté dans le premier épisode, répond une structure beaucoup plus fluide et riche cette semaine, constituée de nombreuses séquences courtes (environ 3-4 minutes chacune) et de scènes de transition (de trente secondes à une minute trente) qui assurent la fluidité de l'épisode. Ce ressourcement passe par la reprise du personnage de Carol, qui – comme nombre d'entre nous – est lassée de la violence incessante de ce monde.


Nous allons la suivre dans sa revitalisation avec l'aide de Morgan et Ezekiel, dans un épisode divisé en trois parties d'un quart d'heure chacune : la première court du début de l'épisode à la séparation de Morgan et Carol suite à la rencontre avec Ezekiel ; puis la découverte de membres du Royaume et de son fonctionnement avec Morgan ; enfin la revitalisation de Carol par Ezekiel suite à une seconde rencontre plus intime de nuit. C'est la rencontre avec Ezekiel et la construction de ses relations avec Morgan et Carol, qui fait le nœud de l'épisode. Séquence par séquence, nous allons suivre le trajet de l'épisode dans sa fluidité et sa richesse, un épisode qui nous pousse à accepter la contradiction de The Walking Dead : la nécessité d'allier des moments choquants de violence et des moments de vie ; des moments d'obscurité, de nuit, et des moments de lumière. C'est que cet épisode nous confronte au paradoxe de la série et fonctionne ainsi dans une logique binaire (vie/mort ; jour/nuit ; humanité/violence ; Morgan/Carol)


Tout d'abord le teaser est constitué de deux séquences courtes qui marquent l'arrivée au Royaume. La première, une attaque de zombies, nous montre une Carol qui s'appelle à la mort et court à elle. La seconde est celle de son réveil au Royaume dans la lumière, la verdure, la communauté, accompagnée de Morgan et d'une douce musique. L'apparent manque d'unité du teaser cache en fait toute sa richesse, puisqu'il sert justement à exposer le paradoxe essentiel de la série par deux séquences extrêmement différentes : une attaque violente et l'introduction d'un nouveau groupe humain.


Pendant la sixième saison, Carol était devenue un personnage qui désignait cette contradiction : en jouant l'innocente Alexandrienne, elle était devenue un personnage à deux faces. Seulement elle commençait à redevenir l'innocente qu'elle jouait, et ne parvenait pas à renouer ses deux visages. Dans la première séquence du teaser, les plans hallucinatoires et déstabilisants, où les zombies reprennent des couleurs humaines, disent cette contradiction du mort-vivant et du monde construit autour de leur existence. Un paradoxe que les personnages et les spectateurs doivent accepter s'ils veulent continuer d'y exister ou d'en être spectateur.


La deuxième séquence du teaser prend plutôt la perspective de Morgan au chevet de Carol ; en témoigne le gros plan initial sur sa patte de lapin fétiche. Et nous avançons dans l'univers Walking Dead : l'arrivée d'un roi, les dictons inscrits aux murs en lettres gothiques, le tapis rouge et la musique guillerette… tout nous donne l'impression que la série sort de la préhistoire pour entrer dans le Moyen-Âge, où les relations entre communautés humaines font penser à un fonctionnement féodal et où l'espoir retrouve sa place (« Hope is a North Star, Let it Guide You »). Et l'apparition finale du tigre exprime qu'il y a aussi gradation dans la revitalisation et la construction humaine qui constitue l'autre facette de l'univers, et pas seulement dans la violence.


Après le générique, nous avons la séquence de rencontre avec Ezekiel, Carol, Morgan et Jerry, teintée de noblesse, de blagues à deux balles, et de dialogues métaphoriques sur les fruits. Nous avons ici une double perspective : celle de Carol, qui joue la comédie d'une manière tellement excessive qu'elle ne dupe personne dans son personnage de naïve innocente. Lorsque Jerry lui offre la coupelle de fruits, elle ne voit que la porte noire et le panneau EXIT dans la pénombre de l'arrière-plan. D'un autre côté, nous avons la perspective d'Ezekiel, qui la surplombe et fait fi de ses manigances pour l'instant. Seulement la métaphore de la grenade montre bien qu'il a cerné le personnage : « Un fruit doux entouré d'amertume. Ils tiennent un peu du paradoxe, mais en valent vraiment la peine ». Carol joue la dure entourée de naïveté innocente, mais Ezekiel a bien compris que son personnage fonctionne à l'inverse : c'est une mère aimante qui s'est endurcie. Il a saisi le paradoxe apparent, qui permet en fait l'équilibre du monde fictionnel : « Drink from the Well, Replenish the Well ».


Après cette séquence instructive, nous avons un court débriefing entre un Morgan gêné et une Carol désabusée. Cette scène sépare nos deux personnages, qui ne parviennent pas à renouer entièrement avec eux-mêmes, ni l'un avec l'autre. Il ne se retrouveront que pour la fin heureuse au terme de l'épisode.


Pendant un quart d'heure, nous allons ensuite voir comment Morgan s'insère dans le Royaume et ses activités, et découvrir avec lui le fonctionnement de ce groupe humain, ses membres et les difficultés auxquelles ils doivent faire face. On enchaîne directement sur la chasse et le bourrage des cochons, ce qui nous permet au passage de découvrir trois nouveaux personnages : Richard, Benjamin et Diane. Ezekiel fait preuve d'une magnanimité digne d'un roi avec Ben et se présente comme un bon leader. Encore une fois l'introduction de nouveaux personnages a un effet assez ressourçant, où les nouveaux visages viennent revitaliser nos personnages fatigués.


La scène de transition est constituée d'un dialogue entre Morgan et Ezekiel. Ce dernier fait son apologue sur la corde raide entre le pessimiste, l'optimiste et le réaliste. Il préfère une position réaliste à un manichéisme, et j'ai trouvé rafraîchissantes ses réflexions pragmatiques et ses efforts d'adaptation à la personnalité de chacun.


Nous avons droit ensuite à une séquence de chant choral (ce qui est inédit dans la série). Les producteurs mettent en place une longue séquence en montage, qui fait passer du temps en nous berçant de la version chorale de « Don't Think Twice, It's Alright » de Bob Dylan. Le montage donne à voir des plans sur la vie du Royaume, Morgan qui s'y intègre en enseignant l'Aikido à Ben, et par opposition Carol qui feint de s'intégrer pour préparer son évasion. Encore une fois, le montage nous permet de nous reposer et de nous donner une vue d'ensemble de la situation et du groupe humain.


On conclut sur un Morgan qui confie le Art of Peace de Eastman à Ben, dans une classique circulation des rôles où l'élève devient à son tour le maître d'un autre. Une scène qui s'achève par le départ pour la rencontre avec les Saviors, qu'on n'a plus besoin de nous présenter. Et cette séquence annonce ce dont on pouvait se douter : les Saviors ont sous leur joug trois groupes que nous connaissons. On peut aisément prévoir que le problème Negan ne pourra se résoudre que par leur action conjointe, et une coordination qui sera certainement longue et pénible. Forcément les Saviors ne peuvent partir sans mettre la pression sur la production (je renvoie là à mon article de la semaine dernière et aux remarques sur la productivité).


Enfin le quart d'heure sur Morgan s'achève sur la scène de repas et le dialogue avec Ben, où Morgan avoue son incapacité à diriger Ben, car il doit trouver sa propre voie. Et Morgan découvre que Carol est déjà repartie, avant même qu'il ne puisse la revoir. Sans transition, nous retrouvons ensuite Carol de nuit. Nous avons découvert le Royaume de jour avec Morgan, le personnage le plus pur et lumineux que nous connaissons. Et forcément, avec Carol, nous allons le découvrir de nuit, dans un cadre plus intime, à la lumière des torches. La séquence passe par trois étapes : tout d'abord il y a une étape de révélation, où les deux personnages s'exposent l'un l'autre dans leurs mensonges respectifs. Encore une fois, Carol voit son interlocuteur comme un bonimenteur, qui se fait vénérer. Puis vient la deuxième étape de la séquence :


Ezekiel rejoint Carol sur le canapé et arrête de jouer le roi. Loin des projecteurs, il délaisse la voix grave et le spectacle pour devenir avec elle métaphore du spectateur assis sur son canapé. Dès lors ils ne sont plus le spectacle et se dévoilent dans leur rapport au monde. Ezekiel se révèle, par delà sa fonction, dans toute son humanité : un gardien de zoo accompagné d'un tigre, qui lui a donné le charisme et l'héroïsme nécessaires pour susciter l'engouement des foules et devenir un leader aimé (« I used to act in a community theater, played a few kings in my day »).


Malgré les efforts que fait Ezekiel pour gagner sa confiance, Carol ne voit que l'obscurité et s'y précipite encore une fois à la fin du dialogue, prête à quitter cet univers, comme de nombreux spectateurs après le carnage de la semaine dernière. Mais, accompagné des violons (ou de la viole) de Bear McCreary, Ezekiel la retient dans ce monde. Et il nous retient en exprimant la nécessité d'accepter - chacun à sa manière - la contradiction, d'accepter de renouer avec la vie et l'espoir : « I found a way to go with the bad by going a little overboard with all the good, I just... embraced the contradiction. Maybe you could too in your own way. Like, maybe you could go and… not go ». Contrairement à Carol, certains spectateurs ne se retourneront pas et disparaîtront de ce monde, mais d'autres accepteront de continuer de l'apprécier dans sa contradiction essentielle : la cruauté qui fait contraster la beauté. Et nous avons droit à notre happy ending à la fin de cet épisode : une Carol qui s'installe en marge du Royaume, dans un espace liminaire entre le groupe vivant et l'extérieur.


Cet épisode a vraiment fonctionné pour moi. Certains n'y voient qu'une vaine répétition : continuer le spectacle dans une logique de gradation. Pour ma part, je crois que The Walking Dead continue de progresser. En même temps que notre groupe souffre et perd, le monde s'élargit, se reconstruit par petites touches successives. Après avoir tant perdu en chemin, libre à chacun de n'y voir que vaines répétitions, ou de continuer d'espérer.


Il va falloir nous préparer à continuer, et probablement pour le pire la semaine prochaine. Attention aux SPOILERS ici car je vais rapidement introduire le prochain épisode par rapport aux quelques éléments dont nous disposons. Son titre « The Cell » ne diffère que d'une lettre par rapport à celui de cette semaine. Pourtant, il nous annonce une thématique à l'opposée : nous allons découvrir le groupe des Saviors de l'intérieur, à travers les yeux de Dwight défiguré, et ceux de notre chouchou Daryl (dont le moral est certainement au plus bas suite à la mort de Glenn). Si l'introduction d'Ezekiel nous a montré un groupe ouvert et très humain, nous découvrirons certainement une assimilation par l'emprisonnement et le bourrage de crâne : la consonance des deux titres n'est qu'un leurre qui éclaire le contraste des deux épisodes. Il va falloir accepter l'alternance apparemment contradictoire entre des épisodes aux ambiances très différentes, mais ce sont ces variations qui font aussi la richesse d'une série télévisée... À la semaine prochaine !



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