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Ça ira (1) fin de Louis


Dans le cadre du festival Mettre en Scène, Joël Pommerat présente sa dernière création, Ça ira (1) fin de Louis, en voici une critique.


C'est une agora, le procès de deux époques ; et un style ! où le discours s'effraie d'être dans le vulgaire. Le texte de Joël Pommerat redonne à la Révolution française un nouveau visage de ce début de siècle, si ce n'est le contraire ? Il apporte à chacun des personnages une voix, une estrade qui se dresse parmi les hommes, parmi les spectateurs, qui semblent être jusqu'au bout, les pantins horrifiés d'un terrible complot, où s'embrassent à la fois la honte, la culpabilité, mais aussi la fierté et le courage d'une histoire révolutionnaire.


La mise en scène, établie par le dramaturge, jette sur le plateau un dé, et à chaque scène les personnages sont le fruit de ce hasard miraculeux, qui, toujours finit par mal tourner ; c'est inéluctable, la véritable question n'est plus quoi ? mais comment ? comment Joël Pommerat va-t-il cette fois-ci mettre en scène une tragédie politique ? Il apporte à ces personnages, que tout le monde croit connaître, un caractère qui se marie parfaitement à l'intrigue soulevée. Les vrais noms ont disparu, seul Louis XVI, si ce n'est simplement Louis, comme homme, conserve son véritable nom ; comme une malédiction qu'il comprend mal, ou qu'il ne cherche pas à comprendre. Sa femme passe pour une idiote, les révolutionnaires se démarquent dans leurs excès de folies (ce par quoi je regrette cependant un certain point de vue insistant à la confrontation), les députés sont de vrais faux-semblants, ce qui parfois pourrait paraître comme un miroir de mise en abîme avec le théâtre ; si ce n'est pour ne pas en dire trop, leur jeu est simple ; il rend parfaitement au peuple le texte complexe et empli de références, sous lequel tout spectateur ne saurait être insensible. Et pourtant, parfois l'angoisse embrase la pitié, même pour les personnages envers lesquels on a dès le lever de rideau une aversion radicale.


Au programme, toute l'actualité y est conviée, sous la forme d'une écriture qui passe par de simples évocations ; rien n'est vraiment vu, tout est révélé par les yeux du spectateur, qui devient son propre comédien et la propre illusion de ce pourquoi il est venu s'asseoir entre ces voix, où nobles et tiers états s'affrontent autour d'une symphonie de renversements. Ça ira, partie 1, fin de Louis, est renversante ; par son rythme quasiment chorégraphique, mais aussi dans sa façon d’accélérer le cœur du spectateur, par une agressivité qui en a fait trembler plus d'un. Dès les premiers mots, on y est ! 1789. Une table, une nappe rouge, des fleurs bleues sur le bord. En voyant ça ira on pense, on pense car de toute notre âme on est introduit, dès les premières réplique, dans cette ambiguïté qui ne cesse, jusqu'au dénouement de se saisir d'une action, d'un drama ; pas de trêve pour le spectateur, il est mis sous pression, jusqu'à ce qu'enfin le dernier rideau ne se recouche sur la scène.


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