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La chronique de Serge #6

Parti pour une année au Canada, dans la ville d’Ottawa, je me suis donné pour objectif de retranscrire des morceaux de ma vie au pays des caribous. Je vais essayer d’être le plus fidèle à ce que je vois. Au fait, moi c’est Serge.


Ici la religion c’est différent frère, la sainte trinité c’est café, 4x4 et football – j’aurai pu mettre le hockey mais ça faisait pas trois. La vérité, faut que je te raconte une peu le football c’est un truc que t’as jamais vu, d’ailleurs c’est surement parce que chez nous c’est du soccer – crois-oim ça les fait bien rigoler les ricains d’ailleurs.



Déjà autant te dire de suite que tu passes plus de temps à encourager des joueurs qui sont sur le banc qu’à les voir jouer. Franchement un jour y a des mecs qui se sont dit on va inventer les règles du football, premier point le public doit être auch non stop. J’sais aps à quoi ils pensaient mais c’est grave relou, oit tu penses manger ton hotdog à la bien, et àl t’as tout le stadium qui se lève et qui se met à hurler. Bah je fais pareil maintenant frère, pas le choix ! Et oublie ton hotdog, il est parti en live quand les deux gros canadiens à coté de oit sont montés sur les sièges en soulevant une bannière bordeaux et blanche. T’as cru quoi ? C’est l’Amérique ma gueule ici, on est pas là pour golri. Et encore attends de voir la suite, j’te réserve le meilleur pour la fin – allez t’inquiètes c’est pour tonton Serge c’est cadeau, la vérité ça m’fait plaisir. Quand t’arrives au match, tu viens deux heures avant, pas pour être sûr d’avoir une bonne place, parce que les gars sont déjà àl depuis quatre heures, mais surtout parce que l’avant match c’est comme un échauffement. Au début tu te demandes si c’est oit qui va jouer ou l’équipe frère !


Je te jure j’arrive dans les gradins et je vois que y a un mec en débardeur, il fait 5 degrés donc tu sais que lui, il est pas là pour la déconne, il a un chapeau de cowboy et une peluche de la mascotte de l’équipe. Tu sens que les lunettes de soleil sont pas que là pour le soleil, mais plutôt en rapport avec son taux d’alcoolémie. Frère le mec sort un mégaphone et commence à crier des slogans et y a tout le monde dans les gradins de notre équipe qui reprend en cœur, champions du monde de chorale les supporters de football ! Le gars il en peut plus, je sais pas sous quoi il est mais il court partout, il saute dans la foule, il hurle, et nous on fait pareil. Sauf que les mecs d’en face commencent à le faire aussi, et ça gueule plus fort tu vois. Ils sortent des bannières, des fumigènes et tout – et àl y a un mec qui commence à crier qu’ils vont nous éclater genre au sens premier du terme, ça sentait la baston frère ! La vérité tu me connais j’ai décidé de m’en occuper, j’ai chopé le mégaphone et j’lui dis « azy mec amène oit » et on descend tous les deux sur le terrain. Du coup je deviens champion de mon équipe et lui de la sienne, frère y a des milliers de personnes qui commencent à crier mon nom, « Serge ! Serge ! Serge ! » La folie furieuse, je tombe le t-shirt, prêt à me pé-ta mec, j’étais boxeur avant de venir ici autant te dire que je suis plus que prêt tu vois. Bref, j’arrive sur la pelouse et je me rends compte que le mec faisait plus petit de loin, mais genre vraiment. Du coup pas l’choix j’ai tenté le tout pour le tout – j’ai concentré toute ma force dans mon poing, technique des moines Shaolin ma gueule. Frère je sais pas si t’as déjà vu Dragon Ball Z, bah pareil ! C’était pas beau à voir, le mec a décollé. Le problème c’est que j’avais tellement concentré qu’avec l’onde de choc j’ai dégommé le tableau d’affichage des scores et en retombant le mec a flingué toute la pelouse. Pire que si c’était José Bové sous ecsta qui avait labouré un champ.

"Vas-y, défonce-le Serge !"

"S-E-R-G-I-O ! Go Sergio !"


Obligé d’annuler le match, de la ligue nationale en plus, je te raconte pas le bordel pour les assurances, « le jour de Serge » qu’ils appellent cette journée maintenant ici, pour te dire. Heureusement que j’ai sauvé l’honneur de mon équipe sinon ça sentait mauvais pour oim frère. « Tu voulais pas nous parler du football sinon ? » Attends mec ça te plait pas mes histoires ? « Si si mais on se représente pas trop le sport pour l’instant… » Je vois que t’es pressé, y a des frites à la cafet’ ou quoi ? Bon allez je t’explique les règles. Pour info, si t’as pas bac+8 tu comprendras aps. Oim ça fait quatre mois que j’essaye de piger c’est un bordel monstre : les gars doivent envoyer la balle dans le camp adverse, jusque àl c’est comme partout. Là où c’est auch mec c’est que le jeu s’arrête toutes les 30 secondes et je suis sérieux sur la vie d’ma reum ; pire que le foot chez nous, au bout de 30 secondes le mec qu’a la balle il se fait éclater par trois masses d’en face, on arrête le jeu. Accroche oit, du coup on change d’équipe, on met des joueurs frais à la place et ça recommence. Ma parole c’est nawak leur truc, tu te retrouves avec un temps de jeu d’une heure sauf que comme on s’arrête tout le temps bah ça dure plus de trois heures. Sinon pour les règles en elles-mêmes je pense pas pouvoir t’en dire plus, y a droit à plus ou moins tous les coups. Quand j’aurai le temps j’irai à la Fédé pour réécrire tout ça avec eux, faire un peu le ménage dans la paperasse. Heureusement y a des pauses alors les gens ils vont se chercher à manger tu vois. Pour l’occasion j’ai réussi à faire rentrer le stand de mon cousin, la vérité c’est important la famille. Il s’appelle David et il te fait des merguez du feu de Dieu, jamais t’en as gouté des meilleures frère. Après c’est pas évident le marché de la merguez, y a d’la concurrence sévère, mais mon David il s’accroche pis avec oim, conquérir l’Amérique ça va être crème.


Chez David : Moment de qualité, Merguez de convivialité


Je sens que t’es aps convaincu de mon histoire de football américain, j’t’avais promis le meilleur frère bah c’est maintenant. Y a un match ici, genre le truc de l’année tu vois, c’est le game où t’es obligé d’aller. On ferme les écoles, toute la ville s’arrête bonhomme pour le « Panda Game ». Àl tu te dis que j’ai pété un câble, nan nan c’est bien as, en gros les deux grosses teams d’Ottawa s’affrontent dans ce match, la ville est divisée en deux mon gars ! Oublie l’histoire du panda, écoute juste. Je sors de chez oim, la folie furieuse, tous les étudiants de mon quartier dans la rue, les gars et les meufs sont tous rebs et en train de courir partout comme des guedins. J’me dis « wow Serge àl c’est chaud, fais gaffe », ouais j’aime bien me parler. Je vois des gars qui sont sur les toits des maisons, les mecs ils arrosent la rue avec des lances à incendie mais qui tire de la bière frère ! Je te jure la rue ça devient une réssoi géante où tout le monde est arraché, sauf qu’il est 10h du mat’. Mec tu sais que les keufs sont àl, mais juste pour faire en sorte que les étudiants débordent pas sur le quartier voisin. Bref, j’arrive au stade avec tous les potos, ambiance de grand malade, tout le monde aux couleurs des équipes, musique à fond, lumières etc. Oim j’suis en tribune officielle avec le premier ministre Justin Trudeau, en fait pour la petite histoire le gars m’en doit une. L’autre soir je passe devant sa maison par hasard, mais oim je savais aps que c’était chez lui frère. Àl je vois que y a de la lumière mais je me dis « Serge, y a un truc zarb » comme si c’était une intrusion tu vois. Pas eu le temps d’appeler les flics, j’ai foncé recdit et j’suis tombé sur une bande de strip-teaseuses en plein show. Frère j’étais choqué tu vois, en fait le mec faisait une petite réssoi en scred avec des amies à lui quoi, tranquille. Bon comme le gars roulait des spliffs l’air de rien, je lui ai fait un petit breefing sur une possible légalisation tu vois. Du coup il a bien vu qu’il pouvait plus faire l’hypocrite et retarder le truc, alors j’ai griffonné un projet de loi vite fait sur un coin de table. J’étais sur place il m’a demandé si je voulais rester mais il m’a fait promettre de rien dire tu vois, c’est auch pour lui sinon, du coup j’ai dit « t’inquiètes je m’occupe de tout » et j’ai balancé quelques mix entre deux french-kiss.


Manifestation spontanée en l'hommage de Serge


Arrive le moment où les équipes rentrent sur le terrain, du jamais vu… Frère la vérité ils se sont dit on rentre comme des oufs, chaque équipes avec plus de cinquante joueurs, qui portent des drapeaux géants de leur équipe, y a des mecs qui tiennent des torches, derrière t’as les pom pom girls qui arrivent en renfort ! C’est vraiment à qui a la plus grosse, je te jure ! D’un coup mec, grand silence, y a Justin qui se lève et qui commence à faire un discours, en impro totale le mec. Une aura de malade, y a des gens qui pleurent et tout. Il se retourne vers oim il dit comme as, devant tout le monde que c’est oim qui vais chanter l’hymne « Oh Canada ». Recdit y a des gars de la technique qui viennent m’équiper et tout, cinq minutes après j’suis sur le podium central au milieu du stade, ouais encore je sais, prêt à leur en mettre plein les oreilles. Heureusement que ma reum elle m’a fait prendre des cours de chant plus petit, a cappella devant 60 000 personnes, la main sur le cœur et tout la vérité ! Oim j’suis pris dans le truc, je donne tout, j’fais des p’tits effets de voix et tout, c’est un truc magnifique frère. À la fin, gros final, je tiens la note super longtemps, les mecs font péter des feux d’artifices tout autour du stade, comme Johnny en 98 ma gueule ! Le problème c’est qu’avec toutes ces conneries j’ai pas eu le temps de coacher l’équipe et on s’est prit une branlée…


Au fait frère, fallait que je te dise, j’pars en vacances. Bah ouais 2016 c’est ringard maintenant, pis oim faut que je me repose un peu tu vois. Si j’te manque bah tu sais où me trouver !

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