La chronique de Serge #8 Part 1 Spéciale Cuba

Parti pour une année au Canada, dans la ville d’Ottawa, je me suis donné pour objectif de retranscrire des morceaux de ma vie au pays des caribous. Je vais essayer d’être le plus fidèle à ce que je vois. Au fait, moi c’est Serge.

Frère faut que tu me jures que tout ce que je vais te dire ça reste entre oit et oim ok ? Je reviens de Cuba. La vérité j’ai failli pas revenir entier au Canada si tu vois c’que je veux dire. Cuba c’était chan-mé mec, t’as vu les tofs, la mer turquoise et tout, en mode carte postale gros, sauf que oim c’était pas les cance-vas j’étais en infiltration là-bas.

Bon déjà tout ce que tu crois savoir sur Cuba mon pote c’est que dalle à côté de la réalité. Àl je te parle de secrets d’états qui concernent les plus grosses puissances mon pote, comme les ricains par exemple. Azy tu croyais que l’île était verrouillée pour quoi ? C’est pas qu’un spot pour poser ton transat ma gueule, on défend pas le secret de la Piña colada ici ! Tu sais que oim j’suis un ex commando du coup les gars ils savent toujours où t’es dans le monde tu vois, t’es sous surveillance passive quand tu te retires. Sauf que àl les mecs voient que je suis au Canada, juste à côté de Cuba, comme j’étais le plus prêt bah c’est oim qu’ils envoient. Je sens que t’es déjà un peu perdu dans l’histoire frère, je peux aps te dire la mission mais tu vas comprendre en écoutant, pose tes miches dans le canap’, cale oit dans ton plumard, ça y est t’es auch dans ton plaid ? Fragile va… Allez j’tembarque avec oim.

Première étape prendre l’avion mon pote, on n'y va pas à la rame hein. Départ de nuit tu vois, histoire qu’on me reconnaisse aps, 3h du mat’ je suis à l’aéroport et je vais checker mes cartes d’embarquements. Sauf que àl les blèmes commencent, impossible d’avoir les documents, mes papiers sont plus conformes ! Askip le nouveau président a fait modifier les procédures pour mieux contrôler les tière-frons, àl je me dis que c’est encore un guignol qu’ils ont collé dans l’bureau d’opale. « Le bureau ovale tu veux dire ? » Ouais c’est pareil frère, c’est que oim j’utilise le nom de code t’inquiètes aps. Bref impossible de rentrer sur le territoire américain pour aller à Cuba, finalement après quelques coups de fil le garde me laisse passer, toi-même tu connais les bails. Reste plus qu’à passer la douane et la sécurité, sauf que j’ai oublié de te dire mais j’ai dix kilos d’héroïne pure dans la valise de droite et une mallette de guns dans la main gauche… Àl j’suis pas ienb tu vois, j’ai très très auch parce que si ça part en yeu-cou c’est incident diplomatique pour ma gueule et carnage dans l’aéroport. T’as déjà fait les six étoiles à GTA frère ? Combien de temps tu tiens hein ? Bah àl c’est la même mais tu peux rajouter trois ou quatre étoiles supplémentaires. Y a une tension ça se sent mon pote, il est 4h et les gars sont au taquet, j’pose mes valises sur le tapis. Je passe le portique à la bien et les valises suivent sans problème, en fait le mec avant oim avait deux bouteilles de coca de deux litres et un paquet de cure-dents autant te dire qu’il s’est fait épingler recdit par les radars. Comme quoi le coca c’est mauvais pour la santé frère, j’ai voulu lui glisser un « cimer gros » mais comme il était obèse j’me suis dit qu’il allait trouver ça chelou.

Bref je passe la frontière US sans soucis et je décolle pour Cuba, « la isla de la Revolucíon » comme ils disent mon pote. On se pose sur la piste, enfin quand je dis la piste c’est plutôt une sorte de terrain vague mec. Nan mais glori aps, quand tu prends l’avion tu signes un papier comme quoi t’es au courant qu’une fois sur deux y a un crash à l’atterrissage. Eh ouais bonhomme c’est wild world ici ! Bon déjà le premier choc il est thermique, tu pars du Canada à -20 et àl j’arrive il faisait +30 poto, comme as sans forcer. Carte de séjour en poche je me dirige vers la sécurité sauf qu’ici frère, c’est à l’ancienne : un portique pour tout l’aéroport j’te jure t’en as au moins pour quatre heures en semaine et les week-ends c’est le double mon gars. En gros t’imagines la queue des cabines de chez Zara le premier samedi des soldes bah on n’est pas loin, sauf que àl les agents de sécu c’est les Spices Girls. Ouais ouais poto t’as bien lu « Mais les vraies ? » Mec tu fais exprès auj’ ou quoi ? Tu crois vraiment que Victoria Beckham elle a fait une reconversion dans la sécu pour payer son make-up ? Cinq nanas en mini jupes, bas résilles, faux ongles en diams, une bouche pulpeuse d’un rouge qui claque sa mère comme on dit. J’avais plus mon obèse avec son coca devant oim, en gros j’ai vite compris qu’il allait falloir donner de sa personne. Mec j’accroche la nana en face de oim avec le regard, et j’lui dis depuis le portique « j’enlève tout ? » allez emballé c’est pesé ma gueule je commence à pé-ta un strip tease. C’est comme les machines au casino mon pote j’ai les cinq Spice Girls alignées et elles sont tellement qué-blo devant oim que mes valises passent la sécu sans soucis. Putain à peine arrivé que c’est déjà le bordel, j’ai du laisser ma chemise sinon elles me laissaient pas partir ! Bon tu me connais j’ai quand même pécho un num, on sait jamais frère, pour le boulot bien sur la vérité.

Taxi, salsa, rhum, l’océan clairement ça c’est ton séjour poto, oim j’suis pas àl pour ça. Allez j’te lâche le morceau on m’a demandé de sécuriser un trafic de cigares qui s’étend sur toute la partie ouest de l’île. Je retrouve Javier, c’est mon contact à Cuba, et le gars m’entraine dans les quartiers chauds de la ville. C’est la jungle sans déc’, les mecs sont avec les guns à la ceinture, assis sur les capots des bagnoles à l’ancienne, des ienchs de partout, et j’te garantis frère qu’eux ils écoutent Booba. Clairement je te cache pas que si oit t’y vas sans personne et avec ta dégaine de gringo, ça pue frère. Oim c’est différent je

connais ienb ce genre de situation, j’étais en formation chez les forces spéciales en Colombie, crois oim entre les sicarios et les cartels je maîtrise le doss’. Avec Javier on prend ruelles sur ruelles, un vrai labyrinthe mec, quand tout à coup il me dit « aquí esta » et àl en face de oim y a une porte d’un immeuble en ruine qui s’ouvre sur un escalier. Poto à cet instant, même les scénars des James Bond c’est pépouze à côté. Trois gardes nous escortent jusqu’en haut et on rentre dans une pièce… « Et quoi ? » Je sais pas comment dire… « Allez Serge il y a quoi dans la pièce ? » Y a des caisses et des caisses de cigares de contrebandes, et y a un gosse au milieu. « Un gosse ? Attends c’est qui ce gosse ? Il fait quoi ? » Justement mec, c’est pas n’importe quel gosse, le gamin àl c’est le gamin le plus recherché du monde, descendant recdit du Che, El Chiquito.

Maintenant je comprends pourquoi c’est oim qu’ils ont envoyé, sans déc’ va falloir jouer serrer, c’est pas Escobar mais il fait du sale tout pareil le mioche. On commence à parler en espagnol tu vois, il dit qu’il livre rien tant qu’il a pas reçu la came, « ¡ la cama ! ¡ la cama ! » qu’il me dit. « Attends Serge, la cama c’est le lit en espagnol, c’est pas la came » Euh écoute j’ai fait LV2 espagnol donc tu laisses faire les professionnels ok, chacun son métier poto, dans le feu de l’action on se comprend très bien ! ? Bref y a Chiquito qui commence à se vénère, en gros il va tous nous buter et nous balancer aux ienchs mais oim j’me démonte pas les gars, je le regarde droit dans les yeux et je lui fais « Dis donc Tchikita, tu vas redescendre d’un étage ok ? C’est la came que tu veux, tiens attrape si t’es un bonhomme » et je lui balance la mallette dans la tronche, sauf que comme c’est un gamin il arrive aps à la stopper, bam ça l’assomme. Entre temps j’ai sorti les guns de mon sac, trois cibles trois balles, économie oblige c’est la crise frère même chez les commandos.

Javier récupère la came et la localisation de la plantation qui gère toute la prod de cigares, et c’est comme as qu’on se retrouve à Viñales, village perdu au milieu de la pampa frère ! Ah ouais nan mais c’est pas l’endroit où tu vas en cance-vas mec, déjà tu peux y accéder uniquement par cheval, cinq heures de randonnée dans la montagne avant de te retrouver au milieux des champs de tabac. Crois oim, je t’explique bientôt, c’était aps le Club Med !

#chronique #voyage #humour