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Horizons

Il arrive toujours cet instant sacré, dans nos vies, qui surgit de façon purement aléatoire.

Un instant où nous avons ce sentiment d'être parvenu à l'aboutissement d'un parcours.

Un instant où survient la nécessité de faire face à soi-même.

Un instant où le jugement de soi devient une question vitale pour la suite du Grand Voyage de la Vie.

Je fait probablement face à cet instant.


Le long sentier de la vie est parsemé de difficultés plus ardues les unes que les autres, et jamais je n'ai pensé une seule fois qu'il était possible d'être heureux, aujourd'hui encore, je n'y crois pas. Le bonheur est une image que l'on s'oblige à atteindre afin de mieux combattre les embûches du quotidien.


Mais il existe des moments plus paisibles dans ce long chemin, et ce sont ceux qui définissent ces fameux instants de mise au point intime. Ces instants se définissent où nous avons la conviction d'avoir atteint quelque chose, ou plutôt, qu'il est inutile de s'orienter encore dans la même routine. Nous analysons les empreintes de notre parcours et gardons la poussière terrestre qui s'est agrippée à notre corps pendant notre longue marche comme trophée.


Je ne crois pas au bonheur, mais à l'accomplissement du Chemin de la Vie qui nous définit en tant qu'être humain.


Ça avait commencé en ce dimanche matin, début novembre. Ma coéquipière et moi étions en train d'explorer l'édifice en ruine le plus majestueux que l'on ai eu à découvrir : La Scission de Dieu, c'est ainsi que je l'ai nommé. Nous étions restés quatre heures dans ce titanesque séminaire normand, bâti en 1820 et abandonné depuis l'An 2000. La majesté de ce lieu m'a intimement fasciné. Le calme était impérial, il reflétait d'une façon magistrale l'identité religieuse d'antan qui persistait encore entre et sur les murs de l'édifice. Comment ne peut-on pas se retrouver absurde face à une telle Majesté qui pompe l'esprit d'un bâtiment si imposant, oublié depuis plus de 15 ans ? D'habitude, lorsque l'on explore un lieu abandonné, nous discutons de ce que nous voyons en fusillant de photos et vidéos chaque pièce, chaque mur, chaque objet représentatif de l'espace que nous découvrons. Mais là, dès lors que nous étions entré par la fenêtre en début d'expédition, je n'avais surtout pas envie d'allumer ma caméra. Il m'était absolument impensable d'explorer le cœur labyrinthique du titan par le biais d'un écran. Donc, je ne dispose que de deux ou trois séquences vidéo, faisant à peine cinq minutes en tout. Et pour ce qui est des photographies, j'en ai à peine une centaine. Non, honnêtement, je me devais mettre tous mes sens en alerte, couper les appareils nuisibles, profiter pleinement des sons, des couleurs, des odeurs, de la lumière et des aspects uniques qui définissaient la noblesse phénoménale du séminaire. Il est rare qu'un lieu nous fasse ressentir des émotions si puissantes lors d'une exploration urbaine.


Mais ce fut véritablement lors que nous avons découvert la chapelle, rattachée au séminaire, que nous étions au summum de notre surprise : comment un tel lieu pouvait être en si bon état alors qu'il est censé être abandonné depuis une dizaine d'années ? La chapelle était fabuleuse, elle représente, à elle seule, l'un des plus magnifiques bijoux de notre parcours en tant qu'explorateurs urbains. Autel, statues, vitraux et piano étaient dans un état absolument remarquable, comme si la vie s'y était subitement arrêtée en négligeant les lois du temps.



Un chapelle abandonnée : le rêve pour la réédition de mon dernier ouvrage. Initialement, je voulais contacter Adeline Martin pour l'illustration de cette réédition, car son talent remarquable était complètement en accord avec la poésie gothique que je voulais écrire avec mon histoire. Mais étant donné que l'histoire de mon ouvrage se déroulait autour d'une mystérieuse cathédrale abandonnée en Normandie, il m'était alors impossible de passer à côté de l'imagerie sublime qui se présentait face à nous. La chapelle échappait aussi aux lois du temps, elle était intacte après 15 années d'abandon : c'était stupéfiant ! Tout y était, bancs, autels, vitraux, piano... Nous étions complètement bercés par le tenue religieuse qui nous enlaçait. Pourtant, il m'est difficile de continuer à écrire sur ce que nous ressentions.


Partager une expérience d'exploration urbaine et paranormale est toujours un exercice qui exige la maîtrise d'un style littéraire complexe faisant appel à une description émotionnelle et sentimentale lyrique et poétique très personnelle. Or, je n'arrive pas à écrire ainsi, je suis plus habitué à écrire des histoires épiques qu'à me livrer intimement. C'est pour cela que j'ai donné naissance à cet ouvrage « Arkanor », pour pouvoir me permettre de dévoiler mes émotions actuelles en les attribuant à des histoires gothiques et folkloriques, tout en y ajoutant un face épique. Mais la première édition du livre ne me satisfaisait pas. J'écris beaucoup sur la figure mythologique du Cauchemar que j'ai attribué à mon Cheval Noir Arkanor et, de ce fait, beaucoup de nouvelles histoires s'ajoutent constamment autour de lui. Ainsi, depuis la première édition de mon livre, d'autres textes ont été écris au fur et à mesure des expériences de ma vie. Ceci a donné naissance à de nouveaux recueils ainsi qu'une nouvelle considération des précédents. Donc, au bout d'un an, je me suis rendu compte que la première version de l'ouvrage était incomplète. Et cela s'est vraiment confirmé lorsque nous avions exploré le vieux séminaire abandonné, avec cette imagerie extraordinaire qui se reflétait mystérieusement sur l'ambiance poétique de mon histoire.



Mais il se passait aussi quelque chose d'autre. Durant notre exploration des lieux, j'ai, comme à mon habitude, commencé à filmer notre expédition. Puis, après être passés par la fenêtre (alors que la porte d'entrée était ouverte...), j'ai eu la désagréable sensation que je faisais n'importe quoi, que j'étais en tort. J'ai soudainement réfléchi à ma façon de garder des traces de nos explorations, puis j'ai coupé le tournage. Il ne me fallait que des photos de cet endroit majestueux. Je ne suis pas vidéaste et encore moins cameraman : faire une vidéo sur notre exploration aurait été un crime. Cette décision fut très soudaine et sur le coup, elle ne m'avait pas étonné car, comme expliqué plus haut, je ne voulais pas découvrir les lieux par le biais d'un écran et je suis donc resté sur cette idée. Mais il y avait un autre soucis en moi qui touchait l'exploration urbaine en général : je n'étais pas prêt, je n'ai jamais été prêt à filmer. Je mettais sur Youtube des vidéos qui ne me plaisaient pas. C'est assez bizarre à expliquer et encore plus à écrire mais je pense que la visite de ce lieu m'a été l'équivalent d'une véritable claque qui a tout chamboulé sur mon processus créatif.


Les jours qui suivirent cette expédition, j'ai grandement réfléchi à ma façon de présenter mes photographies. Et autant vous dire que le changement fut radical.



Désormais, ma pratique de l'exploration urbaine prend le rôle d'extension à mes écrits et ouvrages sur Arkanor.


Pourtant, j'éprouve encore cette nécessité de présenter au grand public des vidéos de nos explorations, qu'elles soient paranormales, urbaines ou animales. Mais la manière de présenter ces émissions sera entièrement à revoir. Déjà, elles se réuniront toutes autour d'un même titre ; Horizons.


Parce qu'il n'y a que la quête des horizons qui peut nous faire évoluer en tant qu'humain. Il s'agira donc de proposer un projet présentant des lieux, des rencontres et des expériences qui relève de la découverte humaine et redécouverte de ce qui nous entoure. L'émission, en tant que projet, n'est pas encore prête. Mais déjà, je suis persuadé qu'elle sera essentielle pour la suite de mes aventures.


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