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Voilà voilà, de Sylvain Chantal

C'est un si agréable quotidien, que de se lever tôt un samedi matin pour déguster un bon petit café en terrasse de la place Ste-Anne. Ça l'est d'autant plus avec une lecture s'inscrivant dans la douceur de cette petite routine. Je ne suis pas du tout un chroniqueur mais j'aime vraiment discutailler des bonnes petites choses du quotidien, un peu comme tout le monde, je suppose. Mais je lis. Pour ce qui est de mes lectures du moment, je me suis lancé dans un véritable marathon littéraire au plein cœur de Westeros, car la Chanson de Feu et de Glace n'est pas encore terminée, et les batailles du Trône de Fer prennent des tournures critiques ces derniers temps. D'autant plus que niveau écriture, eh bien, je suis en plein travail sur la suite des Rhapsodies d'Alphasia, où la géopolitique commence sérieusement à prendre sa place avec le retour des pirates, la migration des dragons, l'invasion d'un mystérieux conquérant, et tout et tout... c'est pour cela que je me suis bloqué dans cette fascinante géopolitique typique de ces époques féodales (quoique, pas si différente de notre période contemporaine...). Bref ! Mais il vient un moment où on sature de nos propres challenges. Ainsi, noyé dans le titanesque talent de Mr. Martin, il me fallait quitter la violence de Westeros un moment afin de me resituer dans une atmosphère plus « terre à terre ». Du coup, pour cela, j'ai emprunté un petit ouvrage des éditions GOATER qu'elles nous ont généreusement donné. Ce petit livre, très discret parmi ses semblables, avait déjà tout pour attirer ma curiosité, car je recherchais vraiment un grand texte, une petite histoire posée, reflétant le drôle de quotidien des gens, notre drôle de petite routine. Ouais, j'avais vraiment besoin de m'éloigner des batailles épiques et des grands dragons pas contents, ça devenait tendu pour mon esprit et j'en devenais tordu auprès de mon entourage.


Voilà voilà. Déjà, rien que le titre de l'ouvrage nous fait supposer que cette histoire avait été écrite dans l'état d'esprit reposé que je recherchais. A cela, on y ajoute la première de couverture : photographie d'une demoiselle (ou dame?) buvant posément un verre de vin, au centre de ce qui semble être un couloir, où circulent des passants. Et le résumé, très bref, très amusant, très relax ! D’emblée, l'ensemble de la couverture de l'ouvrage nous fait miroiter la simple douceur de la routine, du quotidien, que nous partageons tous. Elle reflète ces quelques courts instants où nous nous posons paisiblement dans un coin, sur une terrasse, sous un arbre, auprès d'une mare, histoire de déconnecter notre cerveau, recharger les piles de notre corps, ou tout simplement, contempler les alentours en nous questionnant sur soi-même : ces instants que nous consacrons à notre propre micro-synthèse. Oui, synthèse, car malgré tout, (et ça, on n'y peut rien) même quand on se repose, on ne peut jamais s'empêcher de se poser des questions sur soi et les choses alentour. C'est de cela que traite Voilà voilà, de l'aventure de la routine. L'histoire est celle d'un auteur qui se doit d'écrire une nouvelle histoire. A partir de là, pas de problème, mais sa grand-mère lui réclame une belle histoire d'amour comme celles de Marc Levy (dont elle en est une fan hardcore!). « Mouais ! » répond l'auteur. Lui aussi, il veut écrire une histoire d'amour, mais pas nécessairement belle. Juste une histoire d'amour comme... comme... comme une histoire d'amour normale. Pas besoin d'aller trop loin, non plus, il peine à poser les premières bases, le tout obnubilé par sa propre drôle d'histoire d'amour (même s'il veut nous faire croire qu'il n'y pense pas). Étant de même un auteur en pleine crise sentimentale, autant vous dire que je n'ai pas mis trop longtemps à me glisser dans la peau du personnage principal !


Nous suivons donc les amusantes pensées de notre auteur-héros tout le long du récit. L'histoire ne prend pas des tournures très folles, Sylvain Chantal parvient à nous proposer un récit amusant dans sa banalité, ou plutôt, il arrive à nous amuser à partir de la banalité du quotidien. L’œuvre se centre vraiment sur ces petites questions du quotidien que j'évoquais un peu plus tôt, à la différence qu'une véritable aventure en découle. Le livre est court, certes, mais il a le mérite de bien faire le tour des problématiques du auteur-héros sous un ton d'amusement tellement les péripéties de son quotidien et les petites remises en questions personnelles se calquent sur notre routine. Ce n'est pas la situation du personnage principal qui est burlesque, mais c'est le constat que la nôtre l'est, tellement on s'identifie en lui. Voilà voilà.


Sylvain Chantal, Voilà voilà, Rennes, Editions Goater, 2013.

L'ouvrage est disponible dans notre bibliothèque, merci aux Editions Goater pour leur soutien.

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