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La chronique de Serge #14

Rentré après une année au Canada, dans la ville d’Ottawa, je me suis donné pour objectif de retranscrire des morceaux de ma vie. Je vais essayer d’être le plus fidèle à ce que je vois. Au fait, moi c’est Serge.


Eh pas à oim poto, j’sais très ienb ce que t’es en train de te dire. Sergio a pris le boulard, en mode melon le mec et hop il pense plus à nous et paf la chronique on sait où on peut s’la mettre ? Bah nan c’est pas oim ça, j’ai qu’une parole et quand j’te dit un truc c’est aps pour revenir dessus une semaine après, et même au bout d’une année, j’préfèrerais qu’on me coupe la teub. Enfin p’tête aps, ça dépend la promesse quoi…


BREF on va pas commencer la chronique sur une histoire de teub ou d’yeucous j’vais avoir des problèmes avec la direction de contrôle des publications des auteurs internationaux « De quoi ? C’est quoi cette histoire Serge ? » Rien de spé, j’fais tipar d’un comité d’écrivains reconnus dans l’monde, enfin les mecs voulaient que j’vienne redorer le blason, j’ai pris la présidence du coup. Eh je sais même plus de quoi j’voulais te parler sans déc’, ça c’est le syndrome d’Einstein mec. Tu connais aps ? Ouais remarque ça m’étonne pas, c’est assez secret et c’est super rare ; en gros c’est quand t’as plein d’idées qui viennent d’un coup et que t’arrives aps à tout gérer. Le pire c’est que plus les idées sont géniales, plus c’est le bordel. J’te laisse imaginer le dawa chez oim, j’ai un abonnement à vie chez Doliprane.


En plus en ce moment je dors trop trop mal frère, je revis en rêve certaines stories de ma life, truc de dingue. L’autre jour, je te jure sur la kippa de Jean-François, j’me réveille en sueur en criant parce que j’croyais que y avait un grizzly qui m’attaquait. Ouais ouais en mode « The Revenant » sauf que c’était dans mon plumard, que j’ai sorti un couteau de 30 centimètres de long de sous mon oreiller – réflexe poto – et que du coup les zouzs qui dormaient avec oim étaient nikpa totale. « Attends Serge. Les zouzs ? Vous dormez à combien ? » Frère, la vérité j’te parle d’ours et de couteau de chasse et oit tu me parles de pépettes ? « Bon c’est quoi ton histoire alors ? » Ça remonte à quand j’étais dans le Grand Nord en Amérique poto, j’suis tipar vivre en autarcie dans une tribu chez les Premières Nations ma gueule, les Indiens, les premiers Hommes du continent, autant te dire que les gars c’est pas en mode Joe le rigolo. Déjà pour commencer si tu veux pouvoir entrer sur le territoire faut être initié, c’est pas l’parc où tu vas boire des binchs entre potos et téma les p’tites meufs en jupes frère. Àl c’est genre territoire sacré, y a les esprits qui veillent tu vois, ah ouais clairement tu rentres dans un autre monde, c’est mystique.



Oim ça a duré deux jours, j’me suis retrouvé à oilp dans un tipi sur des branches de sapin avec rien d’autre qu’un chaman qui m’a purifié à grand coups d’fumée dans la tronche. J’te jure on en a cramé des plantes pendant deux jours, c’était genre Nature et Découvertes mais en mode hardcore. Du coup tu t’en doutes ienb j’ai eu le temps d’apprendre la langue, forcément à force de répéter les paroles rituelles, j’parle couramment le Petchak maintenant. La vérité je suis sorti du tipi j’avais l’impression que j’pouvais comprendre les oiseaux et entendre les plantes parler, j’sais aps ce qu’il m’a fait prendre mais une chose de sur c’est que c’était pas des herbes de Provence ma gueule. Du coup j’étais devenu un des leurs tu vois, direction le campement, trois jours de marches dans la montagne et la forêt, pieds nus hein ! J’te jure y a pas la wifi hein coco, t’oublies ton insta et ton tinder. Ah ouais àl c’était plutôt en mode Avatar tu vois, genre les gars touchaient les arbres et paf vasy que ça tchatche à l’ancienne. Me demande aps, j’ai toujours pas pigé. Ce qui est sûr c’est qu’on a mangé des p’tits champignons mon pote, j’avais pas besoin de prendre autre chose, j’étais dans une forme de bâtard !



Au bout de trois jours, on arrive au camp, la vie d’ma reum tu sens que t’es pas chez oit. C’est con à dire mais clairement c’est oit le babtou fragile, les mecs sont taillés dans la pierre. T’arrives, les gars reviennent de la chasse et ils sont en train de dépecer un caribou OKLM. Pas de pression, je tente de m’intégrer en aidant un peu tu vois, j’voulais faire d’la merguez mais c’était pas le délire… Mais t’inquiètes je me suis rattrapé sur la pêche, quand ils ont vu que je pêchais du brochet à mains nues dans les rapides, ça a mis tout le monde d’accord. Par contre tu manges tout là-bas, les yeux, les œufs, la formule complète salade-tomates-oignons frère ; sans déc’ t’aurait bé-ger mais j’avais déjà mangé de la queue de castor dans un autre trek, j’avais l’estomac blindax ! C’est sûr que si t’es pas prêt c’est compliqué, je te le cache aps si t’as déjà téma Man VS Wild sur la TNT bah c’est pareil frère, on boit juste pas notre pisse.



Au bout de quelques jours j’ai senti que j’faisais parti de la mif tu vois, repas avec les Anciens, chasses avec les hommes, préparation des peaux avec les femmes, clairement j’suis prêt de chez prêt. Y a un truc de guedin qui se passe aussi c’est qu’à un moment mec, t’es plus en manque de la civilisation. Y a tout ce dont t’as besoin en vrai, mais ça tu peux aps le savoir tant que t’as pas décroché de ton canap et de ton keum ou de ta zouz. Àl j’te parle d’être en communion avec la Nature, d’être en face de oit et de savoir qui tu es. « Serge t’as repris des champignons là ? » Ça y est je dis un truc un peu profond, tout le monde crois que je suis té-cla, respecte oim bordel !



Il me restait une épreuve avant de pouvoir être un vrai, et àl c’était clairement aps faire sauter de la merguez ou pécho du poiscaille. En gros ça s’appelle « l’épreuve des Braves », on t’emmène dans un lieu sacré la nuit, t’as rien avec oit, à part un couteau, et faut que tu restes en vie. Bon clairement au début t’arrives serein, tu penses que ça va être pépouze en mode p’tit feu des familles et compagnie. Nan nan j’t’arrête de suite, c’est vraiment dans le noir avec ta bite et ton couteau pour le coup. À un moment j’vais pour aller sé-pi, et àl je te jure j’entends les loups hurler. Genre pas loin. Genre pleine lune et tu vois les yeux qui brillent dans la forêt. Eh bah ça reste entre oit et oim mais clairement le Sergio il était pas super en confiance, après c’est vrai que je connais très ienb les loups de Sibérie, c’est pas les mêmes mais bon y a du froid, y a d’la neige, sur un malentendu… Finalement c’est pas les loups qui m’ont posé des blèmes, j’pense que tu t’en doutes si tu te souviens du début de la chronique frère… L’ours ma gueule !


J’étais en train de casser des bûches à mains nues pour le feu, à l’ancienne tu vois, en mode Jean Lassalle un peu j’avoue. Et àl, j’vois un ours qui débarque dans le lieu sacré, et je comprends recdit que l’épreuve, c’est lui. Quatre mètre debout, 150 kilos de muscles (t’emballes aps je parle de lui pas de oim, j’en fais que 130), j’ai compris que ça allait pas être de la rigolade. Enfin après plusieurs heures de lutte, il a fini en ragoût, un délice mon gars ! Enfin voilà maintenant tu vois pourquoi j’étais tendu en me réveillant, et c’était pas à cause des zouzs poto hein.


Photos par Tintin, journaliste au Petit Vingtième

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